Préparer un autotour en Islande, c’est souvent se confronter à une réalité : le pays est cher, parfois beaucoup plus que ce qu’on imagine au moment de réserver les billets d’avion. Entre le prix des locations de voiture, le carburant, les hébergements, les repas et les activités, l’addition grimpe vite. Pourtant, en anticipant bien et en chiffrant poste par poste, il est possible de bâtir un budget réaliste et d’éviter les mauvaises surprises sur place.
Dans cet article, je te propose une méthode concrète pour estimer précisément le coût réel d’un autotour en Islande, avec des fourchettes de prix actualisées, des exemples chiffrés et des repères pour ajuster ton voyage à ton niveau de confort.
1. Les grands postes de dépenses d’un autotour en Islande
Pour calculer correctement ton budget, il faut d’abord identifier les postes qui vont vraiment peser. En Islande, cinq catégories concentrent l’essentiel des dépenses :
- Le transport international (avion)
- La location de voiture et l’assurance
- Le carburant et les péages éventuels
- L’hébergement
- Les repas et les courses
- Les activités et imprévus
Je détaille ci-dessous chaque poste avec des ordres de grandeur réalistes, en prenant comme base un voyage de 10 jours, en haute ou moyenne saison, pour deux personnes.
1.1. Billets d’avion pour l’Islande
Les vols vers Reykjavik (aéroport de Keflavík) sont assez bien desservis depuis la France et la Belgique, mais les prix varient fortement en fonction :
- De la saison (été beaucoup plus cher que l’hiver)
- Du jour de départ (éviter les samedis très demandés)
- Du type de compagnie (low-cost vs régulière)
Ordres de grandeur par personne, aller-retour :
- Basse saison (novembre–mars, hors Noël) : 150 à 300 €
- Mi-saison (avril, mai, septembre, octobre) : 200 à 400 €
- Haute saison (juin–août et fêtes) : 350 à 700 €
Pour un couple sur 10 jours en juin, compter raisonnablement 900 à 1 200 € de transport aérien au total, si tu réserves 3 à 6 mois en avance.
1.2. Location de voiture : le cœur du budget d’un autotour
La voiture est l’élément central de ton voyage. C’est aussi un des postes qui peut exploser si tu te loues un 4×4 surdimensionné en pleine saison.
Les trois grandes questions à trancher :
- Compacte (2WD) ou 4×4 (4WD) ?
- Combien de jours exacts de location ?
- Quelle politique d’assurance ?
Ordres de grandeur pour 10 jours de location, en saison estivale :
- Petite citadine / compacte 2WD : 55 à 90 € / jour soit 550 à 900 €
- SUV 2WD type Dacia Duster non 4×4 : 75 à 120 € / jour soit 750 à 1 200 €
- Vrai 4×4 (accès pistes F-roads) : 120 à 200 € / jour soit 1 200 à 2 000 €
À cela s’ajoutent les assurances. En Islande, le vent, les graviers et la météo rendent vraiment utile une couverture plus large que le minimum. Pour un calcul réaliste, il faut ajouter :
- 10 à 25 € / jour pour un pack d’assurance étendu (graviers, sable, réduction de franchise)
Sur 10 jours, cela peut représenter 100 à 250 € d’assurance en plus du prix brut de la location. Beaucoup de voyageurs négligent ce point et se retrouvent avec une note plus salée que prévu à la réservation ou, pire, en cas de dégâts sur le véhicule.
1.3. Carburant et postes « cachés » liés à la route
Le carburant en Islande est cher et les distances peuvent être importantes, surtout si tu fais le tour complet de l’île par la route 1.
Repères moyens :
- Prix du litre d’essence ou diesel : souvent entre 2,10 et 2,40 € (à vérifier à la date de ton voyage)
- Consommation moyenne d’une voiture compacte : 6 à 7 L / 100 km
- Tour classique de l’île par la route 1 + excursions : 2 000 à 3 000 km sur 10 à 12 jours
Sur 10 jours, avec 2 200 km parcourus et 7 L / 100 km, calcul rapide :
- 2 200 km x 7 L / 100 km = 154 L de carburant
- 154 L x 2,20 € ≈ 340 € de carburant
Pour un 4×4 plus gourmand ou un itinéraire plus long, il est raisonnable de prévoir une enveloppe de 350 à 500 € de carburant pour un autotour de 10 jours à deux personnes.
À ces coûts s’ajoutent parfois :
- Parkings payants dans certaines zones touristiques : 3 à 8 € selon le site
- Éventuels tunnels payants (devenus plus rares, mais à vérifier sur ton itinéraire)
1.4. Hébergement : guesthouses, hôtels, camping
Le logement est un autre gros morceau du budget. L’Islande a développé une offre variée, mais les prix restent élevés, surtout dès que tu vises un minimum de confort.
Pour un couple, par nuit :
- Dortoir en auberge de jeunesse : 35 à 60 € / personne (souvent salle de bain partagée)
- Chambre double en guesthouse simple : 100 à 170 €
- Hôtel 3 étoiles ou équivalent : 170 à 250 €
- Camping (si équipé) : 15 à 25 € / personne
Pour un autotour de 10 nuits, tu peux donc te retrouver avec :
- Budget serré (camping + quelques nuits en auberge) : 400 à 700 € pour deux
- Niveau standard (guesthouse simples) : 1 200 à 1 600 € pour deux
- Confort supérieur (hôtels la plupart du temps) : 1 800 à 2 500 € pour deux
À noter que le camping nécessite un équipement adapté (tente solide, sac de couchage chaud, matelas isolant), ce qui implique un coût initial si tu n’es pas déjà équipé.
1.5. Repas, courses et restaurants
Manger en Islande peut vite faire exploser le budget si tu t’attables tous les jours au restaurant. La clé d’un budget maîtrisé, c’est d’alterner supermarchés et quelques repas « plaisir ».
Ordres de grandeur :
- Sandwich / snack simple : 8 à 15 €
- Plat principal dans un restaurant classique : 20 à 35 €
- Menu complet (entrée + plat + boisson) : 40 à 60 € / personne
- Courses en supermarché pour un repas préparé soi-même : 8 à 12 € / personne
Pour deux personnes, en étant raisonnable :
- Petit-déjeuners pris en hébergement ou en courses : 5 à 8 € / personne / jour
- Repas du midi type pique-nique (courses) : 6 à 10 € / personne / jour
- Dîners : 50 % en restaurant, 50 % en autonomie
Sur 10 jours, le budget nourriture réaliste pour un couple oscille souvent entre 400 et 700 €, selon la fréquence de restaurants et la consommation d’alcool (la bière et le vin sont particulièrement chers).
1.6. Activités, entrées et bains chauds
La bonne nouvelle : beaucoup de sites naturels islandais sont gratuits (cascades, plages, points de vue). La mauvaise : certaines activités emblématiques sont coûteuses.
Quelques repères :
- Bains chauds locaux (petites piscines municipales) : 6 à 15 €
- Lagunes thermales type Blue Lagoon ou Sky Lagoon : 50 à 100 € / personne selon la formule
- Excursions baleines : 70 à 110 € / personne
- Sorties 4×4 guidées, grottes de glace, etc. : 120 à 250 € / personne
Pour un autotour de 10 jours où tu veux te faire plaisir sans enchaîner les activités très chères, une enveloppe raisonnable se situe entre 200 et 500 € par personne.
2. Trois exemples de budgets réalistes pour 10 jours en Islande
Pour rendre les choses concrètes, voici trois scénarios typiques de budget pour un autotour de 10 jours en Islande, pour deux personnes. Les montants sont indicatifs, mais donnent une bonne base pour ton calcul.
2.1. Budget « essentiel » : voyager sans fioritures
Profil : couple prêt à faire des concessions sur le confort, camping ou auberges, peu de restaurants, voiture compacte 2WD, peu d’activités payantes.
- Avion : 800 à 1 000 € pour 2 (mi-saison, billets réservés tôt)
- Location voiture 2WD + assurance minimale renforcée (10 j) : 700 à 900 €
- Carburant : 300 à 350 €
- Hébergement (camping + quelques nuits en auberge) : 500 à 700 €
- Repas (principalement courses, rares restos) : 400 à 500 €
- Activités payantes : 150 à 250 € / personne, soit 300 à 500 € pour 2
Total indicatif pour 10 jours à deux : environ 3 000 à 3 900 €.
C’est le niveau où tu optimises tout : tu réserves tôt, tu acceptes le camping, tu cuisineras beaucoup et tu sélectionnes 1 ou 2 activités payantes phares maximum.
2.2. Budget « confort maîtrisé » : équilibre entre plaisir et contrôle
Profil : couple souhaitant un bon niveau de confort, principalement en guesthouses, quelques repas au restaurant, voiture confortable, plusieurs activités payantes choisies.
- Avion : 900 à 1 200 €
- Location voiture compacte confortable + pack assurance (10 j) : 900 à 1 200 €
- Carburant : 350 à 450 €
- Hébergement (guesthouses correctes, chambres doubles) : 1 200 à 1 600 €
- Repas (mix courses / restos) : 550 à 750 €
- Activités payantes (2 à 3 sorties + un grand spa) : 500 à 800 € pour 2
Total indicatif pour 10 jours à deux : environ 4 400 à 6 000 €.
C’est le budget que je vois le plus souvent chez les voyageurs qui veulent profiter pleinement tout en gardant un œil sur les dépenses.
2.3. Budget « confort+ » : rythme tranquille et activités nombreuses
Profil : couple qui privilégie le confort (hôtels), multiplie les activités encadrées, loue un véhicule de catégorie supérieure, haute saison.
- Avion (haute saison) : 1 200 à 1 600 €
- Location 4×4 + assurances (10 j) : 1 500 à 2 000 €
- Carburant : 400 à 550 €
- Hébergement (hôtels la plupart des nuits) : 1 800 à 2 500 €
- Repas (nombreux restaurants) : 800 à 1 000 €
- Activités payantes (bains haut de gamme, excursions variées) : 1 000 à 1 500 € pour 2
Total indicatif pour 10 jours à deux : environ 6 700 à 9 000 €.
Ce type de budget concerne surtout les voyages en plein été, avec peu de compromis sur le confort et le nombre d’activités.
3. Comment affiner son budget réel avant de partir
Les fourchettes ci-dessus donnent des grandes lignes, mais pour ton voyage précis, tu auras besoin d’un calcul plus fin. Voici une méthode simple pour passer d’un budget théorique à un budget très concret.
3.1. Partir de ton itinéraire jour par jour
Commence par dessiner ton itinéraire, même de manière préliminaire :
- Nombre de jours sur place
- Régions visitées (seulement sud-ouest, tour complet, Westfjords…)
- Distance approximative entre chaque étape
Plus ton itinéraire est clair, plus tu peux :
- Estimer précisément les kilomètres à parcourir (et donc le carburant)
- Repérer les zones où les logements sont rares (et chers)
- Identifier les excursions spécifiques que tu veux faire (glacier, baleines, grotte de glace…)
Si tu as besoin de modèles concrets, tu peux t’inspirer des circuits détaillés que je décris dans notre dossier complet dédié aux voyages en autotour et adapter les distances et durées à ton propre rythme.
3.2. Réserver ce qui est fixe : avion, voiture, hébergements clés
Pour solidifier ton budget, il est essentiel de fixer rapidement :
- Le prix des billets d’avion (en les achetant dès que tu as une fenêtre de prix correcte)
- Le type de voiture et sa catégorie (2WD ou 4×4, taille du véhicule)
- Les hébergements dans les zones très demandées (sud de l’Islande, péninsule de Snæfellsnes, zones proches du Cercle d’Or)
Une fois ces trois blocs réservés, tu auras déjà verrouillé 60 à 70 % de ton budget total. Tu pourras alors :
- Évaluer le « reste à dépenser » pour la nourriture, les activités et les imprévus
- Ajuster éventuellement le standing de certains hébergements pour rester dans ton enveloppe
3.3. Intégrer un pourcentage « marge d’erreur »
Un piège courant : sous-estimer les imprévus. En Islande, ces imprévus peuvent être :
- Un changement de météo qui t’oblige à payer un hébergement non prévu
- Un bris de matériel (tente, vêtements techniques, lunettes, etc.)
- Une envie de dernière minute pour une activité ou un bain chaud
Pour un budget sain, je recommande d’ajouter :
- 10 à 15 % de ton budget global en « marge sécurité »
Par exemple, si ton estimation pour deux personnes sur 10 jours est de 4 500 €, prévois plutôt 5 000 €. Cette marge t’évitera d’avoir l’impression de « compter chaque euro » pendant le voyage.
4. Astuces concrètes pour réduire le budget sans sacrifier l’expérience
Voyager en Islande n’est pas forcément synonyme de luxe. En jouant sur certains leviers, tu peux alléger nettement la note tout en profitant pleinement du pays.
4.1. Bien choisir sa saison
Voyager hors pleine saison estivale est l’un des meilleurs moyens de réduire ton budget :
- Avion moins cher
- Locations de voiture plus abordables
- Hébergements plus disponibles et parfois moins chers
Les fenêtres les plus intéressantes :
- Mai–début juin : journées longues, météo plus stable, routes généralement dégagées
- Septembre : belles lumières, début d’aurores boréales, fréquentation en baisse
En revanche, si tu vises l’hiver pour les aurores, pense à adapter ton type de voyage (routes parfois difficiles, journées très courtes) et à renforcer le budget hébergement (moins de camping possible).
4.2. Jouer sur le type d’hébergement
Tu peux facilement réduire la facture logement de 20 à 40 % en :
- Mariant quelques nuits en camping avec des nuits en guesthouses
- Optant pour des hébergements avec cuisine commune, ce qui réduit en plus le budget repas
- Réservant très tôt les zones tendues pour avoir encore accès aux options les moins chères
Un compromis que j’apprécie : 1 nuit sur 3 en hébergement plus confortable (hôtel ou guesthouse de bon niveau), le reste en hébergement simple mais propre, bien noté et si possible avec cuisine partagée.
4.3. Diminuer les repas au restaurant
Le poste nourriture se maîtrise bien en Islande si tu adoptes une logique « road trip » cohérente :
- Faire une grosse session de courses au début du séjour dans un supermarché (Bonus, Kronan) plutôt que dans des petites supérettes isolées
- Privilégier les pique-niques le midi (pain, fromage, crudités, fruits secs, yaourts)
- Préparer ton dîner toi-même dès que tu disposes d’une cuisine
- Réserver les restaurants pour 2 ou 3 soirées vraiment spéciales
Avec cette approche, tu peux facilement économiser 20 à 30 € par personne et par jour par rapport à un séjour où tu manges systématiquement dehors.
4.4. Sélectionner quelques activités payantes vraiment prioritaires
Face à la quantité d’activités proposées (baleines, glaciers, grottes de glace, randonnées guidées, bains thermaux haut de gamme), la meilleure stratégie consiste à :
- Lister ce qui te fait vraiment envie avant de partir
- Choisir 2 ou 3 temps forts maximum sur un voyage de 10 jours
- Compléter avec un maximum de découvertes gratuites (randos, cascades, points de vue, plages, villages)
Tu peux ainsi concentrer ton budget sur quelques expériences marquantes, plutôt que de multiplier les activités moyennes qui pèsent lourd sur la facture.
5. Erreurs courantes qui font exploser le budget en Islande
Pour terminer ce tour d’horizon, voici les pièges que je vois revenir régulièrement chez les voyageurs en autotour en Islande, et qui peuvent alourdir la note de plusieurs centaines d’euros.
5.1. Sous-estimer l’importance de l’assurance voiture
L’Islande est un pays où les risques pour la voiture sont particuliers :
- Vents violents pouvant arracher une portière mal tenue
- Graviers projetés sur la carrosserie et le pare-brise
- Pistes parfois difficiles pour les pneus et le dessous du véhicule
Économiser 10 € / jour sur l’assurance peut te sembler malin au moment de la réservation, mais un seul dégât facture à prix fort peut ruiner l’économie réalisée. Intègre la bonne couverture dès le départ dans ton budget réel.
5.2. Réserver trop tard en haute saison
En été, l’Islande attire énormément de voyageurs et les capacités d’hébergement restent limitées dans certaines zones. Réserver tard, c’est :
- Accepter de payer beaucoup plus cher pour les mêmes chambres
- Se retrouver à dormir loin de l’itinéraire optimal, ce qui ajoute des kilomètres (et du carburant)
- Parfois devoir choisir des hébergements surdimensionnés et donc plus coûteux
Pour un voyage en juillet–août, penser à réserver les hébergements principaux 4 à 6 mois à l’avance est un réflexe qui a un impact direct sur ton budget final.
5.3. Vouloir tout faire en une seule fois
Un autre piège porte plus sur la conception du voyage que sur les prix : vouloir voir tout le pays en 8 ou 10 jours. Cela entraîne :
- Des distances très importantes, donc plus de carburant
- Un rythme épuisant, qui peut pousser à craquer pour des solutions de confort coûteuses sur place
- La tentation de multiplier les activités payantes dans chaque région traversée
Un itinéraire mieux ciblé (par exemple : sud + Snæfellsnes, ou bien seulement le tour de l’île sans détour) permet de réduire les frais de route tout en laissant du temps pour profiter des endroits choisis.
5.4. Ignorer la météo dans le calcul du budget
En Islande, la météo peut modifier le coût d’un voyage. Quelques exemples concrets :
- Un jour de tempête qui t’empêche de rouler et t’oblige à rester une nuit de plus dans une zone donnée
- Une activité annulée et rebookée, avec parfois des frais ou un report vers une activité plus chère
- La nécessité de louer un 4×4 plutôt qu’une compacte pour sécuriser certains itinéraires en début ou fin de saison
D’où l’intérêt d’inclure une petite marge dans ton budget et de garder une certaine flexibilité dans ton planning, pour adapter ton trajet sans te ruiner.
En intégrant ces éléments dès la phase de préparation, tu peux transformer un projet d’autotour en Islande en un voyage parfaitement maîtrisé sur le plan financier, sans renoncer à ce qui fait l’attrait du pays : des paysages spectaculaires, une sensation de liberté sur la route et des expériences fortes, choisies plutôt que subies.

